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Accueil Actualités Tribune : « Pour un enseignement généralisé sur la finance publique »

Par Philippe DEMILLY, consultant de la CNCEF

Dans leur vie quotidienne, les Français se plient à l’exercice incontournable de la gestion de leur budget personnel et familial. Chacun connaît le montant de ses revenus et de ses charges, gère au mieux ses factures, prépare si possible son budget vacances ou met de l’argent de côté quand il le peut.

Ne pas se livrer à cet exercice peut conduire à des situations difficiles, comme par exemple le surendettement. De la même façon, dans les associations, les nombreux adhérents et bénévoles se voient présenter chaque année les résultats financiers et le budget, ce qui leur permet, entre autres, de comprendre la finalité de leur cotisation. C’est la même chose pour les copropriétaires, ou encore les associés d’une société quelle que soit sa taille.

Manque d’intérêt et ignorance

Mais il reste un domaine auquel nombre de nos concitoyens restent étrangers : le budget de la collectivité la plus importante à laquelle ils appartiennent, à savoir celui de leur pays. Le budget de l’État, le déficit budgétaire, la dette publique restent pour beaucoup des notions très abstraites. L’origine des aides publiques reste inconnue, souvent considérée comme une espèce de source intarissable. Les chiffres en millions, en milliards ne peuvent pas être estimés, comparés ou critiqués, simplement par méconnaissance des échelles de valeur dans le budget de notre pays.

Il ne s’agit pas là de faire une analyse exhaustive des raisons ou de l’historique de ce manque de connaissance, mais de formuler au moins un début de réponse avec quelques éléments factuels :

  1. Dans les cursus scolaires, seule une partie des lycéens abordent ces sujets dans leurs cours. La plupart des jeunes adultes atteignent l’âge de la majorité, et donc du droit de vote, sans avoir eu accès à un enseignement sur ces notions.
  2. Ces thèmes sont difficiles à aborder et à enseigner car ils touchent à l’argent qui reste souvent un sujet épineux et ils s’approchent aussi de sujets politiques délicats.
  3. La présentation qui est faite de ces sujets dans les médias est souvent exprimée dans un langage peu abordable. Par exemple, il est courant de dire « la dette publique représente 116% du PIB », ce qui suppose déjà de savoir ce que représente le PIB. Ne pourrait-on plus souvent dire « La dette publique représente aujourd’hui 2 700 milliards d’euros, soit 40 000 euros par français » ?

Former les citoyens de demain

Serait-il possible d’enseigner ces notions dans le cursus scolaire. Si nous interrogions le monde enseignant, la réponse serait probablement d’abord négative. Il y a déjà tant de matières à enseigner. Les emplois du temps sont déjà difficiles à boucler. Personne n’en disconvient.

Pour autant, l’enjeu ne serait pas uniquement d’ajouter des cours en leur collant une étiquette de « science économique ». Non : Il s‘agirait de former des adultes capables d’avoir un avis éclairé sur l’utilisation qui est faite de leurs impôts, capables d’adhérer ou de désapprouver les programmes proposés par les politiques, capables de comprendre les enjeux de la dette qu’il faudra un jour rembourser (et pas dans cent ans), capables de mesurer à leur juste valeur, suffisante ou insuffisante, les politiques sociales, et capables d’estimer, dans le contexte actuel si compliqué, la portée des aides mises en place.

Bref, il s’agirait de former des citoyens responsables, membres d’une même collectivité et d’un même corps électoral. La question ne mérite-t-elle pas d’être posée ?


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