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Tribune CNCEF PATRIMOINE La question de l’épargne n’est toujours pas réglée

Par Stéphane FANTUZ, Président de la CNCEF Patrimoine

En matière d’épargne, les Français sont plus fourmis que cigales. D’autant plus si l’on en croit les derniers calculs de la Banque de France qui révèlent que les ménages ont épargné 318 milliards d’euros en 2020 et 2021. Bien sûr, la crise sanitaire a joué pour la moitié des sommes placées. Pour le reste, il s’agit tout à la fois d’un sentiment de défiance vis-à-vis du climat des douze derniers mois, d’une peur de manquer, d’un manque de confiance en l’avenir. Sauf que depuis, l’épargne réglementée doit faire face au défi de l’inflation. Le doublement du taux du Livret A en février dernier de 0,5% à 1% ne compense pas les effets de la conjoncture. Le Livret d’épargne populaire (LEP) se tient mieux sans pour autant être la panacée. Ainsi, les actifs placés par nos compatriotes augmentent moins vite que le prix des biens et des services. Autrement dit, il perd de sa valeur et ne compense pas la vie chère. Alors pourquoi continuent-ils à placer ? Tout d’abord, les Français montrent une réelle préoccupation pour les questions de santé et de retraite. La fragilisation de l’hôpital public tout comme le report de l’âge légal du départ à 65 ans cristallisent les comportements conservateurs et prudents avec l’argent. Comme le prouve un baromètre récent de l’institut de Louis Harris,  61% des sondés, épargnent avant tout, “pour préparer l’avenir, plutôt que de privilégier le fait de profiter de l’instant présent”.

Desserrer l’étau 

Comment relancer le pays avec de tels constats ? Nous militons depuis une décennie pour une orientation de l’épargne en direction de l’économie réelle. Rapports, consultations parlementaires, réunions ministérielles… Notre position a été constante et la conjoncture que nous traversons confirme que les pouvoirs publics n’ont pas été assez interventionnistes sur le sujet. En effet, si nous comprenons que nos concitoyens optent pour des placements sécuritaires, nous pensons que le prochain gouvernement doit les inciter à investir davantage dans les entreprises tout en simplifiant la vie de ces dernières en vue de les rendre plus compétitives.

De même, depuis plus de 10 ans, nous plaidons pour une reconnaissance du métier de conseiller en gestion de patrimoine. Et pour cause ! Les CGP sont les plus à même de participer à la relance, pour éviter la récession, parce qu’ils placent la finance au service de l’économie réelle. C’est-à-dire, en direction de l’investissement, de la croissance et du développement. Ils sont le trait d’union entre leurs clients, chefs d’entreprises et particuliers et sont en capacité de réarmer l’économie productive. Experts en matière de conseils, ils interagissent avec les établissements financiers et dans de nombreux domaines par le biais de l’interprofessionnalité tel le financement des entreprises, l’immobilier, le financement et transmission d’entreprise, le courtage en assurance et en crédit. Ces acteurs de proximité, formés, encadrés, contrôlés, représentent le gage d’un travail en toute impartialité et en toute indépendance.

Cesser l’inflation réglementaire 

Pour qu’ils puissent donner toute la mesure de leur expertise, cela suppose que le Législateur français (et européen) questionne le rapport que la finance entretient avec la réglementation. Le pouvoir politique est prolixe s’agissant des textes qui régissent le financement de l’économie. Si la protection des épargnants est nécessaire, le moment exige que nous recherchions collectivement une stabilité réglementaire. Elle est la condition pour ne pas menacer la fluidité des activités économiques, garantir la fiabilité des investissements et éviter l’éparpillement ou la dormance volontaire des capitaux. De plus, l’Etat a beau se plaindre d’une croissance insuffisante mais se donne-t-il réellement les moyens d’une stratégie nationale d’éducation financière ? Les Français ont un rôle à jouer dans la redirection des flux en faveur d’une économie plus responsable et résiliente. Cela suppose une évolution des connaissances des épargnants sur les questions relatives à leur budget et plus généralement aux placements financiers. Car l’idée qu’ils ont des produits à leur disposition est soit insuffisante, soit n’est pas en adéquation avec la réalité du marché. 

Mettre fin à l’antienne de “l’ennemi invisible”

Enfin, il reste la question de l’image de la finance. Certains candidats à l’élection présidentielle ont ressorti l’antienne de “l’ennemi invisible”, responsable des problèmes sociaux et environnementaux. Or, dans ce moment si particulier, n’aurions nous pas besoin de toutes les forces, de toutes les bonnes volontés pour réussir notre réindustrialisation, pour inciter aux relocalisations et au développement  d’entreprises innovantes ?  Nous ne saurions vivre dans une société où les droits et les besoins de chacun sont satisfaits sans prendre en compte les défis majeurs de notre temps. Particulièrement les innovations technologiques et sociales, les bouleversements mondiaux, le changement climatique et le conflit russo-ukrainien. Par conséquent, la finance est en mesure de se réinventer. Faisons-lui confiance à la fois pour mieux orienter l’épargne mais aussi pour renouer avec cette aspiration d’une économie plus positive. 

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Pour aller plus loin :

Retrouvez notre tribune « L’épargne doit être un moteur » par Stéphane FANTUZ, Président de la CNCEF Patrimoine et Didier KLING, Président de la CNCEF juste ici.


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