Par Christelle MOLIN-MABILLE, Présidente CNCEF CREDIT
Dans un contexte d’inflation galopante, le logement, premier poste de dépense des Français, est assurément l’une des plus importantes préoccupations de ces dernières années ; et un élément de nature à faire basculer la confiance des ménages.
Avec 5 associations agréées, représentatives des courtiers et mandataires en crédit, nous avions en janvier fait le constat de Français désemparés par une conjoncture qui ne leur permet plus d’envisager sereinement de faire des projets immobiliers.
Et tout en saluant les axes d’amélioration générale de la question logement pris par les pouvoirs publics, nous avions alerté Olivier Klein, le ministre délégué chargé de la Ville et du Logement sur les nombreux points en suspens pour décongestionner l’écosystème.
Des avancées insuffisantes
La mensualisation du taux d’usure a, certes, apporté une respiration salutaire à un marché quasi-bloqué. Mais face à la remontée des taux, les marges de manœuvre restent temporaires et très réduites.
La confirmation par Bruno Le Maire que le mandat de recherche de capitaux doit produire ses pleins effets encourage, de leur côté, les courtiers à continuer à accompagner leurs clients. Mais jusqu’à quand ? Et avec quels moyens d’action ?
Il reste patent que la plupart des freins à l’accès au crédit et à l’investissement (taux d’intérêt en hausse, restrictions dues au DPE dégradé, …) ne sont toujours pas levés, et que toute la chaîne de l’immobilier, de la construction à la location, en passant par la promotion et la transaction se grippe.
Il faut se rendre à l’évidence : le nombre de prêts, dans le neuf comme dans l’ancien, accordés en 2022 a chuté globalement de 20,5 % sur l’ensemble de l’année – alors qu’il avait augmenté de 3,8 % en 2021 – selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA.
Avec pour conséquence qu’une proportion grandissante de Français qui souhaitent acquérir leur résidence principale, ou préparer leur retraite en investissant dans l’immobilier locatif, en sont toujours empêchés.
Continuer à desserrer l’étau
Dans l’intérêt de tous, il convient impérativement de poursuivre les avancées de début d’année.
La course sans fin qui consiste à remonter mensuellement le taux d’usure, quand dans le même temps les taux de crédit eux aussi augmentent, ne nous permettra pas de sortir de l’impasse. Or, des leviers existent.
Pourquoi ne pas désolidariser le Taux Annuel Effectif d’Assurance (TAEA) du TAEG ? Et ainsi permettre aux emprunteurs de plus de 45 ans, et à ceux qui ont des problèmes de santé de ne pas être exclus du crédit.
A l’autre bout du spectre, nous restons vigilants sur la capacité d’achat des jeunes ménages primo accédants. Alors que les banques exigent un montant d’apport toujours plus élevé, les règles du taux d’endettement les maintiennent dans une quasi-impossibilité d’obtenir un prêt. Et nous observons que les banques ont peu utilisé leur capacité à déroger à ces règles …
Pourquoi ne pas développer des outils pour faciliter la constitution de l’apport, réviser la prise en compte des revenus locatifs dans le taux d’endettement, ou encore intensifier les aides pour la rénovation énergétique suite à la réforme des diagnostics ?
C’est au plus haut niveau de l’Etat, qui doit se saisir de ces questions, qu’incombe la responsabilité de dessiner une politique au service de la vie quotidienne des Français, et de la survie de l’écosystème immobilier.
Nous réitérons au ministre délégué chargé de la Ville et du Logement notre demande de rendez-vous.
Nous sommes prêts à lui apporter notre expertise et notre contribution et souhaitons y associer les fédérations immobilières, les chambres notariales, les associations de consommateurs et tous ceux qui sont partie prenante de la question du logement.
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Pour aller plus loin :
Retrouvez notre tribune « L’accès au crédit immobilier reste-il possible pour tous ? » par Christelle MOLIN-MABILLE, Présidente CNCEF CREDIT juste ici.
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