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11 décembre 2023

TRIBUNE – Les défis qui attendent les intermédiaires en assurance

Tribune CNCEF ASSURANCE - Décembre 2023 - Les défis qui attendent les intermédiaires en assurance visuel site internet

Par Stéphane FANTUZ, Président de CNCEF ASSURANCE

L’entrée en vigueur de la Loi courtage aura eu le mérite de rassembler les intermédiaires en assurance au sein d’associations d’autorégulation et de faire progresser la notoriété de la profession, de mieux l’accompagner et la former pour performer. A la veille du renouvellement de leur adhésion obligatoire qui interviendra en janvier 2024, il nous faut donner de la visibilité aux professionnels et essayer de nous projeter collectivement. Des perspectives existent, au-delà de la conformité réglementaire et elles vont influencer le paysage de l’assurance à plus ou moins brève échéance.

En effet, les tensions géopolitiques, l’émergence de l’intelligence artificielle, le changement climatique peuvent paraître abstraits ou lointains face à la RIS qui menace notre rémunération. Et pourtant, ces éléments remodèlent la notion de risque dans l’esprit des clients. Nous l’avons vu avec les inondations dans les Hauts-de-France, avec les épisodes de sécheresse, les tornades régionales. Ou encore avec les cyberattaques qui, de la PME aux administrations, questionnent la souveraineté de nos datas et la sécurité de notre économie. Il est donc fondamental de capitaliser sur ces données pour mieux évaluer les risques futurs et les prévenir. Les clients de nos professionnels sont d’autant plus demandeurs qu’ils s’estiment de plus en plus vulnérables face à ces aléas[1]. Il existe donc une ouverture en direction de la pédagogie financière et assurantielle au sens où les intermédiaires vont devoir à la fois prendre des initiatives en matière de prévention et de gestion des risques en plus de rechercher la meilleure couverture. Par exemple, si les Français ont une capacité de gestion assez satisfaisante face au aléas climatiques, il se montrent nettement moins à l’aise concernant l’ensemble des autres types de risques[2].

Une adaptation continue

“Ils pourront toujours recourrir à l’intelligence artificielle” comme le pensent les pessimistes. Il est vrai qu’elle nous met au défi de prouver notre raison d’être. Mais c’est à nous qu’il revient de corriger ce rapport de force et de l’utiliser pour mutualiser la connaissance des sinistres vécus, leur territorialité, leur récurrence et leur nature (climat, santé, cyber). Ce qui fournira, en plus de la connaissance terrain, une meilleure adaptabilité d’analyse dans la sélection d’offres et des recommandations individualisées aux clients. C’est là que l’I.A. a ses limites : il n’y aura pas de solutions sans conseils, car la valeur ajoutée de l’intermédiaire réside dans sa capacité à croiser l’expérience client (habitude de vie, santé, patrimoine, etc) et le parcours digital pour être porteur de recommandations ciblées. En effet, le courtier n’est pas seulement un analyste ou un prescripteur de produits. Il est avant tout un entrepreneur au sens où son activité est au carrefour des évolutions sociétales et économiques. Pour cette raison, il est en veille sur les adaptations législatives, les demandes des consommateurs, les avancées technologiques. Il puise dans cet écosystème, les facteurs adaptatifs à sa propre pérennité et monte régulièrement en compétence par la formation pour rester compétitif. C’est par cette adaptation continue qu’il qualifie le service apporté et renforce sa relation confiance avec son client, tout en se démarquant de ses concurrents.

Cyber : influencer un cadre plus précis

Ces différentes mutations enclenchées ou à venir rappellent par ailleurs l’impréparation des pouvoirs publics face à la cyber. En France comme en Europe, des textes éparpillés ne traitent que de la protection du consommateur. Si le secteur de l’assurance veut assurer son propre développement et couvrir les risques des particuliers, des professionnels et des acteurs institutionnels, il lui faudra influencer plus que jamais nos dirigeants sur l’impérieuse nécessité d’une loi globale dite “cyber”. C’est-à-dire, un texte reposant sur le triptyque “éduquer, protéger et sanctionner”, pouvant se décliner à toutes les composantes de la société. Car jusqu’ici, l’actualité a fourni son lot d’attaques récentes qui ont paralysé le fonctionnement d’hôpitaux, d’entreprises, d’administration, démontrant que l’arsenal existant n’est qu’un panier percé.  Aussi, en plus d’intégrer les paramètres qui vont remodeler leur modèle économique, les intermédiaires en assurance  vont devoir accentuer le dialogue avec les représentants politiques de sorte à obtenir un cadre plus précis, de manière à protéger l’économie nationale et européenne aujourd’hui exposées et dépendantes.

En somme, face aux défis nombreux qui s’annoncent, les intermédiaires en assurance ont une carte à jouer. En acceptant d’intégrer les nouvelles technologies, la pédagogie et la prévention, ils vont renforcer la valeur d’un conseil toujours plus personnalisé et agrémenté de services. Plus que des apporteurs de solutions, ils seront amenés à contribuer à la sécurité, au bien-être financier et assurantiel ainsi qu’à la tranquillité d’esprit de leurs clients. Ce qui donnera un sens à leur coopération mutuelle et un avenir au métier de courtier.

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[1] Enquête IPSOS du 30 octobre  2023- Etude AXA  Future Risks Report

[2] Les Français et les risques naturels Baromètre – vague 3 – Enquête Toluna / Octobre 2023 – Harris Interactiv pour Assurance Prévention.


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