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TRIBUNE : Climat : Les CIF face au défi de la taxonomie européenne - CNCEF PATRIMOINE - Visuel site internet

Par Stéphane FANTUZ, Président CNCEF PATRIMOINE

La Conférence de Charm el-Cheikh en Egypte a montré à quel point l’enjeu du réchauffement climatique est clivant entre les pays membres de la COP 27. Elle se termine par un échec, révélant une dissonance majeure. D’un côté, les peuples qui marchent un peu partout dans le monde pour sauver la planète et de l’autre, une classe politique internationale qui n’arrive pas à déboucher sur des solutions concrètes.

Fut-elle imparfaite, l’Europe travaille elle aussi sur les enjeux environnementaux et légifère dans tous les domaines transversaux. Le Pacte Vert est sans doute l’exemple le plus éloquent. En effet, l’Union européenne veut atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Améliorer, protéger et conserver les sols, l’air, l’eau et les autres ressources naturelles de la Communauté, ainsi que sa biodiversité est son ambition. Elle est louable car le temps est compté. Pour autant, les exigences de l’UE pour réformer la finance et la rendre plus durable sur la base d’investissements plus vertueux, seront différemment appréciées selon les Etats membres.

En France,  les notions de sobriété, de réduction de l’empreinte carbone font leur chemin auprès de nos concitoyens. Mais il s’agit pour beaucoup d’entre eux de concepts abstraits. En effet, une récente enquête d’opinion a démontré qu’un tiers des Français déclarent bien savoir de quoi il s’agit[1]. C’est dire si la marge de progression que nous avons pour les renseigner en tant que professionnels est importante.

Taxonomie européenne

D’ailleurs, dès le 1er janvier prochain,  les Conseillers en Investissements Financiers vont devoir faire preuve de pédagogie en faveur du climat en collectant obligatoirement les préférences ESG des clients. Introduite par la révision de la MIFID II, cette nouvelle réglementation met l’accent sur la finance durable, à l’heure où ¼ des épargnants sont en pleine réflexion sur le devenir de la planète et le rendement de leurs placements.

Concrètement, les CIF vont devoir collecter des éléments extra-financiers. En complément de leur profil de risque et de leur horizon de placement, les épargnants pourront exprimer s’ils souhaitent intégrer à leur portefeuille des instruments financiers durables. C’est-à-dire, ceux visant la réduction des émissions de CO2, la protection de la biodiversité ou de l’égalité de traitement entre les hommes et les femmes.

Transparence des entreprises

De même, à partir du 1er janvier 2024, toutes les grandes entreprises d’intérêt public de plus de 500 employés au sein de l’UE devront rendre publiques, les informations relatives à l’impact de leurs activités[1]. Cette transparence sur les questions environnementales, sociales et de gouvernance s’étendra progressivement jusqu’au PME cotées en 2026. Elle aura le mérite de mieux éclairer les sociétés de gestion mais aussi de permettre aux investisseurs d’écarter les entreprises productrices d’externalités négatives.

Au final, le Pacte Vert européen va permettre aux épargnants et aux professionnels de la finance de comprendre réellement l’impact des placements responsables. Et surtout de dépasser l’actuel débat sur les labels promus par les pouvoirs publics nationaux ou ceux imaginés par les établissements financiers. Il serait en effet temps qu’un langage commun s’établisse, où les indicateurs et les preuves de l’impact positif des investissements sur l’environnement et la société sont mesurables.

Cette nouvelle réglementation verte,  fort contraignante pour nos métiers qui ont dû au fil de la dernière décennie se montrer fort résilients pour les intégrer, aura peut être l’intérêt de redonner leurs lettres de noblesse à la finance verte. Car la pertinence de celle-ci est tout de même très débattue. Il serait dommage qu’elle ne termine définitivement clouée au pilori du greenwashing, pour nos métiers certes mais surtout pour l’avenir des générations futures.

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[1] Économie durable: le Parlement adopte de nouvelles règles pour les multinationales – https://www.europarl.europa.eu/news/fr/press-room/20221107IPR49611/durabilite-le-parlement-adopte-de-nouvelles-regles-pour-les-multinationales

[2] Observatoire de la Sobriété Énergétique – septembre 2022


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