Communiqué de presse
Paris, le 5 juin 2023
La Commission européenne a publié le 24 mai la Retail Investment Strategy (RIS) visant à accroitre la participation des citoyens aux marchés de capitaux. Ce projet est porteur d’enjeux cruciaux pour les épargnants particuliers et notamment pour leur accès à des produits financiers et à un conseil approprié.
Nous, acteurs français (1), représentants d’entreprises, producteurs et distributeurs de produits d’épargne, partageons les ambitions portées par cette stratégie et saluons notamment les dispositions visant à promouvoir l’éducation financière. Pour autant nous tenons à faire part de notre grande inquiétude sur le texte finalement proposé par la Commission.
La Commission européenne affirme écarter une interdiction généralisée de la rémunération par commissions, mais en pratique les nouvelles obligations qui les conditionnent les rendent pour l’essentiel inapplicables en comptes-titres, en assurance-vie et risquent plus largement de mettre à mal l’ensemble de la distribution des produits. En l’état, cela entraînerait la quasi-suppression du modèle fondé sur les commissions, privant de fait les épargnants les plus modestes d’accès au conseil (advice gap) et privant également de nombreux épargnants de produits financiers rendus indisponibles chez les intermédiaires financiers.
Par ailleurs, ces dispositions impacteraient également les PME françaises et européennes, qui sont considérées comme une clientèle retail. Leurs placements de trésorerie mais aussi de plus long terme seraient particulièrement concernés. L’accès aux marchés financiers et les démarches d’investissements des PME s’en trouveraient limités, créant ici un risque d’investment gap.
Le texte prévoit par ailleurs de nombreuses dispositions extrêmement contraignantes dans la gouvernance et le processus de vente des produits d’épargne :
- Il impose des contraintes d’encadrement des prix via la mise en place d’un référentiel (ou benchmark) sur les coûts et les performances, créant ainsi un véritable contrôle des prix sur un marché aujourd’hui très concurrentiel. Nous sommes favorables aux renforcements de la transparence des prix et de la formation des conseillers ; en ce sens nous soutenons que ce principe de value for money peut être pertinent sous réserve notamment que :
- la transparence aille au-delà du seul benchmark du prix d’un produit, le prix n’étant qu’un élément de la sélection d’un produit pour un épargnant ;
- il intègre des données qualitatives et concerne l’ensemble des acteurs de la chaine de valeur, fournisseurs de données inclus, de manière proportionnée.
Plusieurs acteurs professionnels avaient d’ailleurs fait des propositions plus réalistes et pragmatiques sur ce même principe.
- Il renforce les obligations encadrant la fourniture de services d’exécution et de réception-transmission d’ordres, tout en interdisant la rémunération par commissions des distributeurs pour ces mêmes services. Ce déséquilibre manifeste entre contraintes accrues d’une part, et modèle économique ébranlé d’autre part, impactera nécessairement les services fournis aux clients.
Le nombre très important de mesures de niveau II (actes délégués, normes techniques de réglementation-RTS ou Lignes Directrices) prévues en matière de gouvernance et de distribution des produits d’épargne fait craindre, en outre, une inflation non justifiée de la réglementation applicable et complexifiera le cadre réglementaire au détriment de l’ensemble des parties prenantes.
Il serait profondément regrettable que la Retail Investment Strategy devienne un obstacle à l’objectif même qu’elle s’était fixé : stimuler l’investissement productif par les citoyens européens pour financer les transitions verte et numérique. Ceci serait particulièrement pénalisant au moment où il est indispensable d’accroître les capacités de financement de l’économie française et européenne.
Pour toutes ces raisons, nous sommes ouverts au dialogue avec l’ensemble des législateurs européens pour que la Retail Investment Strategy atteigne réellement les objectifs de protection et conseil de l’investisseur ainsi que de financement de l’économie et de ses transitions.
(1) AFG ; AFPDB ; AGEA ; AMAFI ; ANACOFI ; ASF ; ASPIM ; CNCEF ; CNCGP ; Compagnie des GCP ; CPME ; FBF ; France Assureurs ; France Invest ; MEDEF ; Paris Europlace ; PLANETE CSCA ; UNAPL.
English’s version :
Presse release
Paris, Monday 5 June 2023
Protecting savings for all: France’s financial community comes together to better adapt the Retail Investment Strategy
On May 24th, the European Commission published its Retail Investment Strategy (RIS) aimed at improving citizens’ participation in capital markets. This project raises crucial challenges for retail investors, particularly in terms of access to relevant financial products and appropriate advice.
We, French stakeholders (1), representatives of companies, notably SMEs, producers, and distributors of savings products, share the ambitions of this strategy and welcome the provisions aimed at promoting financial education. However, we would like to express our great concern about the text finally proposed by the Commission.
Indeed, we support the need for a dual distribution model to coexist – one based on commissions, the other on fees – which will enable us to maintain a broad product offering as well as local and personalized advice for investors.
The European Commission claims that it is ruling out a general ban on commission-based remuneration, but in practice the new obligations which would apply to this kind of remuneration make it essentially inapplicable to securities accounts and life insurance, and more broadly risks undermining the entire distribution of savings products. As it stands, this would virtually eliminate the commission-based model, effectively depriving the most modest investors of access to advice (advice gap) while also depriving many investors of financial products that are no longer available from financial intermediaries.
These provisions would also affect French and European SMEs, which are considered as retail customers. Their cash management investments, as well as longer-term investments, would be particularly impacted. Access to financial markets as well as investment procedures for SMEs would be limited, leading to the risk of an investment gap.
The text also contains several extremely restrictive provisions on the governance and sales process for savings products:
- It imposes constraints on prices by setting up a benchmark for costs and performance, thereby creating a real price control in what is currently a highly competitive market. We are in favour of increasing price transparency and training for advisers; thus, we maintain that the value for money principle may be relevant, provided that:
- transparency goes beyond simply benchmarking the price of a product, since price is only one element in the selection of a product for an investor;
- it includes qualitative data and concerns all players in the value chain, including data suppliers, in a proportionate manner.
Some professional stakeholders have put forward more realistic and pragmatic proposals based on those principles.
- It strengthens the obligations governing the provision of execution of orders and reception and transmission of orders, while prohibiting commission-based remuneration of distributors for these same services. This clear imbalance between increased constraints on one hand and a shaken business model on the other will inevitably have an impact on the services provided to customers.
The very large number of Level II measures (delegated acts, technical regulatory standards, or guidelines) planned for the governance and distribution of savings products also raises concerns of unjustified inflation in applicable regulations. It will make the regulatory framework more complex, to the detriment of all stakeholders.
It would be deeply regrettable if the Retail Investment Strategy were to become an obstacle to the very objective it set itself: to stimulate productive investment by European citizens to finance the green and digital transitions. This would be particularly detrimental at a time when it is vital to increase the financing capacity of the French and European economies.
For all these reasons, we are open to dialogue with all European regulators to ensure that the Retail Investment Strategy truly achieves its objectives of protecting and advising investors as well as financing the economy and its transitions.
(1) AFG ; AFPDB ; AFECEI ; AGEA ; AMAFI ; ANACOFI ; ASF ; ASPIM ; CNCEF ; CNCGP ; COMPAGNIE DES CGP ; CPME ; FBF ; France Assureurs ; France Invest ; MEDEF ; Paris Europlace ; PLANETE CSCA ; UNAPL.
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